En première ligne pendant la crise sanitaire, le secteur de la sûreté et sécurité réclame plus de reconnaissance.
Dans les hôpitaux, les palais de justice ou les supermarchés, ils n’ont jamais cessé de travailler depuis le début de la crise du Covid-19. Au nombre d’environ 180.000 en France (dont 8.000 sur la Côte d’Azur), les agents de sécurité n’ont pourtant pas eu la considération attendue. “Nous avons été désignés par l’État comme une profession en seconde ligne, tempête Philippe Bettini, président de l’entreprise Protector (Saint-Laurent du Var) et administrateur du GES, syndicat national des entreprises de sécurité. On a travaillé à côté des infirmières qui portaient des masques alors que nos agents n’avaient aucune protection. Pourtant, sans nous, pas de justice, pas de distribution, il n’ y aurait rien eu du tout…“
A ce sentiment d’abandon s’ajoutent des considérations économiques liées aux investissements concédés : “il a fallu réévaluer les risques sur l’ensemble des sites, un travail énorme. Faire en sorte que les agents ne soient pas en contact avec le public et, au cas échéant, prendre des mesures barrières. Information, formation et équipement du personnel et derrière surveillance du respect des consignes, des frais supplémentaires considérables.“
“On va y laisser des plumes”
Malgré 6.500 entreprises au plan national et un chiffre d’affaires global toisé à 5,5Mds€, le secteur de la sécurité/sûreté est-il le grand oublié de cette crise sanitaire ? “On est dix fois plus que la gendarmerie ou que la police municipale, mais zéro considération contrairement par exemple à nos pays voisins” regrette Philippe Bettini. Parmi les griefs du dirigeant, la limitation de la sous-traitance à un seul niveau ou encore la mise en place d’une garantie financière afin d’éviter l’afflux d’auto-entrepreneurs dans une profession pourtant réglementée et sous tutelle du Conseil National des Activités Privées de Sécurité, “qui ne régule rien du tout“.
Tandis que les agences consacrées à la sécurité annuelle ont pu continuer à fonctionner -comme c’est le cas de Protector et sa soixantaine de sites surveillés dans les Alpes-Maritimes- certaines entreprises spécialisées dans la sécurité événementielle ponctuelle (concerts, sport…) ont subi l’arrêt forcé. “Même si c’est momentané, des pans entiers du secteur se sont écroulés, constate Philippe Bettini. Près de 80 % des entreprises travaillent dans la distribution ou l’événementiel. Toutes les boîtes présentes à Cap 3000, Polygone ou Nice Valley ont perdu beaucoup de chiffres d’affaires. Et sur l’événementiel, c’est même du 100%. Même si la reprise s’amorce, la vérité c’est que la sécurité, comme toutes les activités, va y laisser quelques plumes.“
Légende : Établie depuis 1985 à Saint-Laurent du Var, Protector (200 salariés, 6 M€ de CA) tient le leadeship local dans le domaine de la sûreté/sécurité.